(Suite de l’article du 23 octobre 2014 : Manipulations dans l’histoire française – épisode 5)

Une enquête de Vanessa Ratignier et Pierre Péan

Nous avons vu, dans l’épisode n°5, que le 1^er janvier 2004, Gergorin va trouver Villepin auprès duquel il va donner les noms qui paraissent sur les listings de Clearstream.

Il faut bien comprendre que lorsqu’on a une version des faits qu’on relate au juge d’instruction, on ne va pas en dire plus aux journalistes, c’est aussi un truc qu’il faut retenir ! Toujours se tenir à sa version !

Il fera une note au président de la République qui est alors Chirac sur l’affaire de la Chambre de compensation et l’exécutif entre dans la danse.

Imad Lahoud sort l’histoire de boxa Sarkozy du listing, ce qui va faire bondir Villepin.

Réunion du 9 janvier 2004, le nom de Sarkozy est prononcé corroboré par le Général Rondot.

L’appât de Lahoud poker-menteur joueur de billard fonctionne. Lahoud va jusqu’à sortir le nom de Brice Hortefeux, le plus proche collaborateur de Sarkozy et ces comptes auraient été ouvert le 31.10.1994.

1994, c’est la Cohabitation de Mitterand-Balladur et ce, grâce de Chirac qui veut se présenter aux prochaines présidentielles. Mais Balladur va trahir Chirac. Sarkozy et Brice Hortefeux sont des balladuriens alors que Dominique de Villepin est un chiraquien.

C’est aussi l’époque où se concluent deux grands contrats d’armement dont un concerne les 3 sous-marins Agosta au Pakistan pour ~ 1 milliards d’euros de l’époque, et l’autre Sahouari II qui concerne la vente de frégates pour près de 3 milliards d’euros de l’époque à l’Arabie Saoudite.

Soupçons chiraquiens sur le financement des élections de Balladur de 1995. Balladur trahit Chirac en se présentant aux élections de 1995, mais ce sera Chirac qui deviendra président. Charles Millon sera ministre de la défense et devra contrôler les affaires de rétrocommissions et de commissions des grands contrats. Chirac interrompt les versements des commissions alors que les contrats ont été bouclés par le gouvernement Balladur et ses deux balladuriens : Sarkozy et Hortefeux. On découvre alors que 33 Millions d’euros transitent par le Luxembourg.

1997: dissolution du Parlement par Chirac et la gauche revient au pouvoir.

2000 la France ratifie le traité anti-corruption de l’OCDE par Chirac et Jospin.

Dans les ventes d’armes, les secrets ne sont jamais trahis, mais le monde opaque de ce secteur fait que tous les contrats se concluent avec des commissions et…des rétrocommissions.

8 mai 2002, attentat de Karachi d’abord attribué à Al Qaïda, mais en 2008, le rapport Nautilus va rouvrir le volet Karachi et il s’avère que l’attentat a été provoqué en représailles à l’arrêt des versements des rétrocommissions.

2009, l’Etat va étendre le champ des actions secrets défenses. Ainsi, tout ce qui va concerner l’industrie de l’armement va être protégé par le pouvoir du secret-défense. D’où la naissance des fumeuses « théories de complots ». Et il sera dès lors très difficile pour les juges de faire des enquêtes dans cette zone grise criminogène.

Le listing de Lahoud va être LA PREUVE que les chiraquiens recherchent. Villepin va donner ce listing à un juge d’instruction et pas n’importe lequel : M Van Ruymbeke.

Episode 6 : La République des mallettes

L’affaire Clearstream va être transmise au « juge rouge » M Van Ruymbeke, symbole contre le fléau de l’argent sale.

Gergorin pète de trouille, prend un avocat et deviendra le corbeau du juge rouge.

Le juge veut aller vite, mais Lahoud se protège en racontant que Clearstream bloque des comptes en masse. 815 comptes seront fermés chez Clearstream et déposés sur des comptes dans les paradis fiscaux.

Guerre des polices, guerre entre Sarkozy et Villepin pour l’élection présidentielle, l’affaire Mixa en cours et Chirac qui siffle la fin de la partie.

Le juge rouge déclenche alors un des plus grands scandales de la République.

Or il s’avère que les listings d’Imad Lahoud sont falsifiés.

Résultats de courses:

Le scandale Mixa aura un non-lieu, les autres scandales qui ont été mis à jour par Denis Robert sur l’affaire Clearstream vont rejoindre les oubliettes et une zone d’ombre va pouvoir se mettre en place au sein de l’exécutif, zone d’ombre dans laquelle la justice ne pourra plus y mettre ne serait-ce que le petit orteil.

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